"Je ne suis pas seulement une manager, je suis une entrepreneuse"
Kirsten De Dycker est la nouvelle présidente de Fespa Belgium
À l'issue d'un mandat de deux ans, Femke Helon a transmis fin juin la présidence de Fespa Belgium à Kirsten De Dycker, dirigeante de Backstage Design & Print à Beauvechain, dans le Brabant wallon. M&C Magazine s'est rendu à Beauvechain, avec sa célèbre base aérienne, pour un premier entretien avec la nouvelle présidente.
Kirsten De Dycker est l'un des membres fondateurs de Fespa Belgium. Après Jean Van Houtryve (Visix) et Femke Helon (3Motion), elle est la troisième présidente de l'association. Elle gère Backstage Design & Print avec son conjoint David Vandenbosch. L'équipe compte une douzaine de collaborateurs, aussi bien des salariés que des freelances, qui réalisent ensemble un chiffre d'affaires d'un million d'euros.
Fespa Belgium a été officiellement fondé en 2019. À l'époque, Backstage était déjà en activité depuis plus de dix ans. Pourquoi avez-vous créé cette entreprise à l'époque?
KIRSTEN DE DYCKER: "Nous avons commencé en 2007 et la production d'imprimés à Beauvechain a démarré quatre ans plus tard. Avant cela, David était actif dans la construction de décors et de stands ainsi que dans le secteur de l'événementiel. C'est à partir de là que nous avons commencé à nous intéresser au lancement d'une activité indépendante. Étant donné l'augmentation du nombre de commandes comprenant des travaux d'impression, nous avons rapidement franchi le pas et investi dans des imprimantes. De cette manière, nous pouvons proposer nos projets dans une qualité irréprochable et avec la bonne approche technique."
Comment ça?
DE DYCKER: "Après avoir collaboré avec des fournisseurs externes pour les travaux d'impression, il était temps, en 2011, de reprendre le contrôle du processus de production. Cela nous offre plus d'autonomie, de flexibilité, de rapidité et de visibilité sur la qualité du travail d'impression et l'exécution de nos projets. L'investissement dans la sublimation grand format et le lancement de la confection en interne ont rapidement suivi. Nous avons investi dans une imprimante à sublimation, une calandre et, plus tard, une table de découpe Zünd. À chaque étape de la production, il faut tenir compte des bons paramètres. Il s'agit d'un travail de précision. David et son équipe installent tout, toutes les étapes de production sont donc importantes pour obtenir un bon résultat final."
Vous formez un duo complémentaire?
DE DYCKER: "Oui, à bien des égards. Nous sommes tous deux passionnés par notre métier. Nous aimons réaliser les projets qui sortent de l'ordinaire. Par exemple, nous testons actuellement comment imprimer un plancher dans le style Louis XIV pour un projet international avec notre imprimante à plat swissQprint. Il s'agit de projets amusants. L'idée est de rechercher des possibilités pour répondre aux besoins de nos clients. Nous réalisons également des travaux en gros volumes. Lorsque les clients apprennent à nous connaître et nous donnent l'occasion de travailler pour eux, ils ne doivent plus s'occuper de rien."
Cette approche a-t-elle été choisie délibérément?
DE DYCKER: "Oui, en effet. Je suis passionné par mon métier. Nous faisons du sur mesure dans les domaines de l'impression, de la signalétique et de l'acoustique. En tant qu'entreprise, nous devons faire des choix pour créer une croissance positive. D'autres éléments entrent alors en ligne de compte, tels que la gestion du personnel, l'augmentation des investissements et le fait de garder le cap. Ces questions m'occupent beaucoup. Je suis passionnée par mon entreprise et par les projets que nous réalisons pour nos clients. Je ne veux surtout pas perdre cette passion, car elle rayonne à l'intérieur et à l'extérieur de l'entreprise. Avec notre équipe, j'aime assurer le suivi des projets. Je ne suis pas seulement une manager, je suis une entrepreneuse."
Comment avez-vous appris le métier?
DE DYCKER: "En mettant la main à la pâte et en osant. Nous avons commencé à travailler sur des projets avec le savoir-faire technique nécessaire. Évidemment, en acquérant de l'expérience, nous n'abordons plus les choses de la même manière qu'à nos débuts. Par exemple, les autocollants s'apprennent par la pratique. Dans notre secteur, la formation émane encore trop souvent des entreprises. L'enseignement pourrait jouer un rôle plus important."
Depuis cet été, vous êtes la nouvelle présidente de Fespa Belgium. À quoi les membres peuvent-ils s'attendre?
DE DYCKER: "Au sein de Fespa Belgium, les connexions restent très importantes mais je veux aussi absolument investir afin de proposer des sujets riches en contenu. Il est essentiel de programmer davantage de sujets qui peuvent réellement soutenir l'entreprise. Dans ce secteur à forte intensité de capital, il est important de savoir comment financer de tels investissements. L'esprit d'entreprise implique de prendre des risques, et l'on a souvent tendance à choisir l'option la plus sûre. En tant qu'entreprise de production, comment aborder ces investissements et le modèle d'amortissement? Et comment négocier avec votre fournisseur et les institutions financières? Je vois ici des possibilités de donner la parole à nos sponsors. Nos activités de mise en réseau sont couronnées de succès et abaissent le seuil à partir duquel il est possible de nouer des contacts précieux. En investissant dans des thèmes riches en contenu, nous pouvons offrir à nos membres une valeur ajoutée encore plus grande."
Quelles ambitions souhaitez-vous réaliser en tant que présidente?
DE DYCKER: "Je veux élargir notre offre de contenu. Fespa Belgium ne devrait pas se limiter à la technologie de l'impression. Nous sommes tous des êtres humains, pas des robots, et nous avons tous des défis à relever. Il serait bon de s'intéresser également à la psychologie. L'état d'esprit d'un entrepreneur est très important, et c'est une chose à laquelle je crois fermement. Outre l'entreprise proprement dite, je vois les gens derrière l'entreprise. C'est pourquoi nos événements de réseautage sont si importants. Nous pouvons échanger nos expériences et écouter ce qui se passe dans nos entreprises. Vous pouvez également vous adresser à des organisations telles que VIGC, Febelgra, GRAFOC, Voka, pour poser vos questions. Le salon Sign2Com en 2025 est une autre occasion d'inviter les membres et de rassembler le secteur de l'imprimerie en Belgique. Il est important que nos membres connaissent ces acteurs et sachent qu'ils peuvent frapper à leur porte. J'aimerais que ces opportunités soient également accessibles en Wallonie."
Quelle importance cela revêt-il pour vous? En effet, vous travaillez dans le Brabant wallon.
DE DYCKER: "C'est très important. Je suis notamment en contact avec Bruno Schmitz de Schmitz Digital Print à Ciney pour activer les liens avec la Belgique francophone. Nous sommes Fespa Belgium. Aujourd'hui, nous sommes forts du côté flamand, mais l'objectif doit être de rallier également le monde de la signalétique et les entreprises d'impression numérique en Wallonie. Il y a beaucoup de bonnes entreprises d'impression et de signalétique en Wallonie. Ces entreprises représentent sans aucun doute une valeur ajoutée pour notre fédération."
Lors de la création de Fespa Belgium, on a résolument joué la carte 'Made in Belgium'. Est-ce que cela compte encore dans le secteur aujourd'hui?
DE DYCKER: "Il est certain que cela joue encore un rôle. Grâce à Fespa, on a noué de précieux contacts qui renforcent la coopération entre nos imprimeries belges. Ensemble, nous pouvons offrir un travail sur mesure et une réflexion hors des sentiers battus, ce qui apporte une réelle valeur ajoutée. Bien sûr, il y a la concurrence, et parfois les prix subissent une pression. C'est un sujet sensible, mais il est très présent dans notre secteur."
Quel rôle peut jouer Fespa Belgium dans ce contexte?
DE DYCKER: "En renforçant nos collaborations mutuelles. En réfléchissant ensemble aux innovations et aux processus. Chaque entreprise a ses points forts qui peuvent être utilisés pour renforcer notre secteur. Nous organisons régulièrement des tables rondes au cours desquelles nous partageons nos conclusions. Il peut s'agir de durabilité, de formation, de processus de production, d'innovations, de marges, etc. Ainsi, on sait ce qui se passe et comment les autres y font face. Là encore, le partage d'informations joue un rôle important."
L'association a cinq ans et le nombre de ses membres stagne. Avez-vous un plan pour recruter davantage de membres?
DE DYCKER: "Bien sûr, j'ai convenu avec Els Vansteenkiste, notre directrice, de sillonner les routes. Nous devons rendre visite aux gens, il ne suffit pas de les convaincre avec des newsletters, un événement ou un e-mail. Nous devons rendre les choses personnelles. En collaboration avec les fondateurs, nous avons établi un calendrier pour aborder cette question par région. Au cours des deux dernières années, Femke a accompli un travail d'organisation considérable, mais il faut maintenant que le nombre de membres augmente. Aujourd'hui, nous comptons environ 70 membres. Dans les deux prochaines années, il en faudrait plus d'une centaine. Nous voyons cela d'un œil positif."
Avez-vous déjà une idée du calendrier des activités pour 2025?
DE DYCKER: "Dans la perspective de la Fespa Global Print Expo à Berlin, nous organiserons les Belgian Wrap Masters au printemps. Nous sommes toujours à la recherche d'un lieu attrayant et adéquat. Nous sommes en train de prospecter. Dirk Teughels de XL Reklame est le pionnier de cet événement. Nous étudions également la possibilité d'organiser à nouveau un congrès. Notre premier congrès a eu lieu en 2022 à Bruges. VIGC, l'un de nos partenaires, organise également un congrès chaque année. La question est de savoir si nous organiserons à nouveau notre propre congrès en 2025 ou si nous le ferons en collaboration avec VIGC afin d'avoir une vision plus large. Nous avons de bons contacts avec ce centre d'innovation. Guy Lauwers de Dioss est l'un des fondateurs de Fespa Belgium et président de VIGC, ce qui constitue un lien précieux. Les événements passés 'Avec Fespa sur la Vespa' le 12 septembre à Spa et notre 'Fespa Ladies' le 19 septembre à Louvain se sont avérés être des événements de connexion pour convaincre les nouveaux membres de notre position à valeur ajoutée."
Dernière question. Les présidents de Fespa Belgium se succèdent rapidement avec des mandats de deux ans. Cela va-t-il changer?
DE DYCKER: "Jusqu'à présent, cela a toujours été le cas en effet. Mais ce n'est pas une structure fixe à laquelle nous nous tenons. Un conseil d'administration doit apporter du renouveau. Actuellement, les fondateurs de Fespa sont la force motrice de Fespa Belgium. Là encore, cela montre que Fespa Belgium leur tient à cœur. Ce sont tous des entrepreneurs qui prennent l'organisation de Fespa Belgium comme une tâche supplémentaire bénévole en dehors de leur propre organisation. Néanmoins, la proposition est sur la table pour travailler avec des groupes de travail. Ainsi, nous impliquerions également dans l'organisation de nos événements des membres, des sponsors et des partenaires qui ne font pas partie du conseil d'administration."
